Il y a trois ans, Pierre meurt. Mon grand-père, un homme riche et froid, que je n’ai jamais réussi à aimer. Comme personne d’autre ne peut ou ne veut s’y atteler, je propose de vider son appartement. Mais il n’a pas jeté grand-chose dans sa vie.
Charles Habib-Drouot
Le plein de vide
Le Plein de vide raconte ces deux semaines à Paris, où j’ai vidé la mémoire de Pierre. Vidé à coup de dons, de ventes en seconde main, face à des antiquaires véreux et des collectionneurs fous. Il y a des meubles qui s’effondrent sur des quidams et des blessures qui manquent de me tuer, des drames passagers et des moments de douceur imprévue. Dans cet appartement de grand bourgeois, pendant quelques jours, toutes les classes sociales se mélangent dans un joyeux bordel.
Et dans le même temps, je découvre Pierre. Dans les photographies jamais montrées, dans toutes les lettres gardées, et dans un journal intime d’adolescent, j’aperçois un être. Vivant, malgré tout. Une transmission refusée de son vivant, mais rattrapée après sa mort. Un trésor.
De la mort d’un homme, faire l’aventure d’un autre. Et ce faisant, apprendre la mesure pleine du poids d’une vie. Poids physique des tonnes littérales de livres, de magazines, de paperasses. Poids émotionnel, à mesure que des sentiments pour cet homme dur et fragile me sont venus.