Caroline Logiou

Il est possible que je pleure

Résidence d'écriture

Face à la résurgence des extrêmes droites et au populisme, je sens sourdre une inquiétude tenace.

Mais comment aborder ce sujet lorsque sa propre famille adhère à cette idéologie ? Comment faire un portrait subtil d’eux et se confronter aux préjugés ? Comment ne pas cautionner leurs actes et leurs pensées en tentant d’expliquer le contexte menant à de tels choix ? Comment continuer à les aimer ?

 

« Je suis au fond de la mer. Il fait sombre. L’eau est froide. C’est là que je le vois arriver. Lentement. Si lentement qu’au début je ne me méfie pas. Il est là. Il se dirige vers moi. Il est immense. Au début, c’est une ombre. Je le distingue à peine. Je doute même de sa matérialité. Et puis, petit à petit, se dégage une masse noire aux contours lisses et brillants. L’animal est imposant. Je le reconnais à son aileron. Il avance vers moi lentement. Tellement lentement que le temps prend de la consistance. Ses yeux me regardent. Il plonge son regard dans le mien comme seul un animal ou un tout petit enfant peut le faire. Il m’observe. Bientôt, il ne restera plus rien de moi, j’en suis certaine à présent. Je ne fais pas partie de son paysage. Nous nous regardons sans pouvoir nous dire quelque chose l’un de l’autre. Nous nous regardons comme des ennemis. »