Jalie Barcilon

Portrait d'une jeunesse en fuite - Juin 2021

Résidence d'écriture
© MAXIME VAUTHIER
© MAXIME VAUTHIER

Portrait d’une Jeunesse en fuite se passe à notre époque et suit le destin d'une jeune femme qui, sauvant un tableau de maître pour faire face au chagrin, se retrouve confrontée à un monde opaque et fascinant : le monde des faussaires.

Le lycée est fermé, les sorties sont interdites : une épidémie frappe le pays. Noée a 17 ans. Depuis que sa mère est partie, elle vit toute seule avec son père qui travaille comme restaurateur de tableaux dans les sous-sols du musée du Louvre. Avec lui, elle a acquis une solide culture artistique. 

Noée n’a pas froid aux yeux. Folle amoureuse d’un jeune garçon, elle transgresse les interdits et se rend à une fête, où il y a beaucoup de monde. Hélas, deux semaines après, son père est hospitalisé. Elle est désespérée et se sent coupable de cette mort.

Avant de mourir, il lui confie une mission : récupérer un sac dans son casier au Louvre. Hébergée chez une famille de la haute bourgeoisie parisienne, Noée découvre que son sac recèle un tableau de maître :  l'Homme Blessé de Gustave Courbet. Un homme allongé contre un arbre, la poitrine en sang. Pourquoi son père possédait-il un tableau d’une telle valeur ?  

Retournant chez sa mère, ancienne toxicomane, elle découvre le passé de délinquant de son père : il fut un brillant faussaire qui vendait des toiles pour des millions. Elle comprend alors qu’elle détient un véritable trésor. Tout le monde traque ce tableau : les musées, la police, des mafieux. On l’interroge, on la suit, l’étau se resserre sur elle. Mais c’est l’unique vestige de son père,  et elle ne peut se résoudre à s’en départir. De façon extraordinaire, cette œuvre lui procure la vie, le danger, la lumière dont elle a besoin pour surmonter le chagrin.
La possession de cette œuvre va l’entraîner dans de nombreuses aventures, au cours desquelles elle va se trouver aux prises avec les acteurs du Marché de l’Art, un milieu opaque qui échappe aux contrôles, et où se regroupent les humbles artisans et les vils spéculateurs. Au cours d’une cavale périlleuse la menant de la Normandie à Palerme, elle découvrira le secret que cache l’Homme Blessé.

Pour récupérer ce tableau que sa négligence a fait perdre, elle voyagera de Paris à la Sicile, terre de prédilection des mafieux qui utilisent des Van Gogh pour blanchir l'argent. Elle découvrira l’écroulement des valeurs, et des écarts qui se creusent entre riches et pauvres. A la fin de ce thriller initiatique, Noée parviendra à recomposer les pièces dispersées d’un puzzle familial, et réussira, enfin, à se pardonner et à grandir.   

 

Note d'intention de Jalie Barcilon et Philippe Baronnet

A travers le destin de Noée, nous explorons les thèmes de la jeunesse, du deuil, de la généalogie et du rôle de l’Art. 

Pour ce texte à vocation cosmogonique, nous tendons à écrire une œuvre chorale et qui joue avec les codes du théâtre. Le personnage de Noée sera interprété par une seule comédienne, mais elle croisera une trentaine de personnages qui seront interprétés par trois acteurs. Ce principe de jeu implique une mise en scène et un jeu virevoltant, avec une présence permanente de tous les comédiens au plateau. Raconter, changer de lieu et de personnage, incarner : tout se fait à vue, en complicité avec le spectateur. Ce principe nous semblait pertinent pour aborder des sujets aussi denses et parfois tragiques en gardant une forme de légèreté et de distance. A travers cette forme, nous cherchons également à explorer la frontière entre le Vrai et le Faux, à déstabiliser le spectateur sur ce qui fait fiction et réalité. C’est selon nous, une forme idéale pour une pièce qui prend corps dans le monde des faussaires.

Avec une obsession pour les humains et leurs failles, nous proposons une plongée dans les parts sombres d'une société contemporaine désaxée, où des êtres en marge sont en quête de sens, s'obstinant à chercher la lumière dans les volutes et les clairs-obscurs des tableaux.