Gamine, ma grand-mère m’appelait « petite éponge » parce que j’absorbais tout ce qui m’entourait. Aujourd’hui, j’ai 26 ans et une certaine vision du monde. Je cherche à comprendre d’où elle me vient, et, plus généralement, comment se construit la pensée et le regard d’un.e enfant sur la société. Parmi ses proches, comment choisir ses modèles et ses contre-modèles ? Où sont les héro.ine.s, les monstres et qui les a défini ainsi ? Quels discours nous touchent et quels récits nous forgent ? Pour comprendre les fondements de mes sensibilités politiques, de ma morale et de mes réactions aux évènements, j’essore l’éponge, et scrute ce qu’il en sort.
J’y trouve de tout.
Beaucoup de récits de guerres, mondiales, coloniales ou actuelles. Des idéaux qui s’opposent, des leçons bien apprises, des histoires qu’on évite et, souvent, des vérités qu’on voudrait enfoncer bien fort dans les oreilles des enfants. Je ramène tous ces mots au plateau, les mots cadeaux qui m’étaient destinés, les mots perdus qui m’ont atteint par hasard et les mots cachés qu’il a fallu tirer des têtes de celles et ceux qui les gardaient. C’est un travail fastidieux et très joyeux. Ça demande du temps, de la réflexion, et un certain calme.