Bord de mer, dans un futur-passé proche, quatre actrices se retrouvent dans un café pour y écrire un film danois. Dehors, un soleil rouge brumeux a entamé sa course, mais ne se couche pas. Réunies autour d’une table et d’un projet qui semble les dépasser, les quatre actrices non plus ne se couchent pas. Entourées de clients, qui sont tantôt des ombres, tantôt les protagonistes de leur film, elles discutent, écrivent, font des essais et tournent des séquences.
Calme et Angoisse Collectif pour sa première création s’interroge sur l’ambition, sur la possibilité ou non de vivre sans ambition. Pour raconter l’histoire de ces quatre actrices qui rêvent d’écrire un film, le collectif tend le fil entre la quête de sens et l’absence de celui-ci. Nous assistons à leur tentative d’être, de devenir, et l’irrésistible tentation de se perdre, de s’enivrer dans la multiplicité du possible. Dans un dispositif scénique qui met en place trois niveaux de réalité - celui du film, celui des actrices fictives et celui des acteurs réels - le collectif donne à sentir que le poids de la réalité devient peu à peu trop léger par rapport à la vie rêvée. La fiction veut absorber la réalité. Au travers de l’ambition, le collectif questionne aussi les ego, la hiérarchie, les rapports de force et le pouvoir. Le pouvoir mais aussi pouvoir ne pas pouvoir et ne pas pouvoir pouvoir.
Calme et Angoisse Collectif est un collectif dont le langage propre est en développement, et qui se caractérise jusqu’ici par une cruauté enfantine, une forme d’impertinence, la recherche d’un jeu physique, la tentative de partir de l’idée que nous dansons un théâtre, qu’il y ait peu, beaucoup ou pas de mots, la mise en place de codes de jeu entre nous qui permettent de créer à la fois un trouble et un rapport ludique. Nous aimons chercher un rapport au jeu, au plateau et à la création, qui se situe quelque part entre le calme et l’angoisse.