Babydoll se prend pour une poupée de celluloïd et se croit atteinte de multiples syndromes et complexes liés aux contes de fées : Peter Pan, Cendrillon, Fée clochette, Belle au bois dormant...
Ce conte contemporain, dénaturé, corrompu, désillusionné, endeuillé du prince qui n’existe pas et de la princesse qu’elle n’est pas, nous plonge dans un genre de « Disney » où le prince de Cendrillon est fétichiste, où Alice gobe des pilules contraceptives et où Blanche neige est suicidaire.
La protagoniste est en perpétuelle démonstration de son «pays des merveilles», aux limites de la schizophrénie et de ses multiples facettes, elle s’invente une poupée de celluloïd, une automate qui n’est pas réelle ; c'est une mécanique qui l’empêche de ressentir les émotions, jusqu’à tant que celles-ci explosent et que tous ses fonctionnements soient remis en question.
L’aspect volontairement érotique du personnage nous amène à considérer la condition actuelle de la femme réifiée, en poussant à son paroxysme ce processus d’hypersexualisation dans lequel la féminité est traduite par l’artifice d’un visage fardé, d’un corps contraint à répondre aux stéréotypes.
L'infantilisation de Babydoll tente de rappeler combien il est difficile encore aujourd'hui, pour une femme, de se sentir indépendante, égale et entière, de s’épanouir, de s’assumer en regard de soi, au regard de l’homme.
Naomi Golmann
#bb_doll - Avril 2016
Résidence de création