Lucile Marmignon

Flo

Résidence d'écriture

« Si j’avais pas mourru’, je serais bien venue. »

Aussi loin que je me souvienne, l'histoire de ma famille et de la mort de la mère a toujours été la même: Flo est morte, le père est exclu, les filles placées. Rideau.

Seulement voilà: cette histoire que je pourrais écrire, c'est celle des archives, du tribunal, de celles et ceux qui ont décidé et qui ont eu voix au chapitre, mais ce n'est sûrement pas celle de ma mère, de mon père ou des autres voix tues. Je pars alors à leur recherche.

Modeste tentative de réparation à l’adresse de nos oublis, Flo est un projet d'enquête, celle qui cherche le moyen de rappeler les mort.e.s de nos histoires et à questionner les représentations de celles-ci. Partant de mon récit intime, je pars à travers les archives de nos institutions publiques à la rencontre d'autres voix écarté.e.s de nos histoires, non pas par excès de timidité, mais bien par le fait que l'ordre du monde ne les écoutait pas.Ce n'est pas un geste purement documentaire. Comment écrire, dire, incarner ce qui, précisément, n'existe plus ou par traces parcellaires?  Comment redonner à voir des existences et des récits dans ce qu’ils avaient de potentialités, de rêves, de fantasmes … Questionnant la subjectivité de nos mémoires et de nos jeux, c'est la recherche autour du doute sur ce que pouvait être une personne et l'ambivalence du "à quoi joue-t-on" qui seront les révélateurs de la bataille des récits.