Durant 9 ans, Vincent Marganne a fait partie de l’équipe d’accueil d’un musée.
Vincent Marganne
Éloge du gardien de musée (titre provisoire)
Il y a les costumes : d’abord la tenue d’ouvrier pour les montages et démontages d’exposition ; ensuite le costume des gardiens, la chemise blanche, le pantalon, la veste, les chaussures ; et puis le silence qui devient un costume intérieur, ce qu’on ne peut pas dire, ce qu’on ne pense plus à dire, le silence qui, peu à peu, envahit tout.
Il y a le temps qui passe, et comment il passe.
Il y a l’ennui, l’immense ennui.
Il y a le rapport au public, le mépris, l’invisibilité, la condescendance.
Il y a les montages et démontages d’exposition. Comment ça fonctionne, comment c’est organisé. Les énormes et lourdes caisses dans lesquelles arrivent et repartent les œuvres. La manipulation. Les gants blancs. L’accrochage. Les chariots à outils, les échelles, les diables, les visseuses, les tringles.
Il y a le lieu, toute la beauté et la complexité du lieu : les grandes grilles coulissantes où l’on accroche et décroche les tableaux, le sous-sol, les parquets, les verrières, les salles.
Et il y a la peinture, les tableaux, les œuvres. Le temps de regarder les œuvres. Je veux parler à partir de cet endroit : la place du gardien de musée.
- Vincent Marganne