Muna Traub

Dans nos mémoires évoque l’histoire de mes parents. Je cherche à savoir qui ils étaient avant d’être parents, comment ils se sont construits malgré leur enfance difficile. Et comment nous, enfants, derniers maillons de la chaîne, composons avec les tabous et traumas familiaux légués par nos ancêtres. Nos trajectoires personnelles seraient-elles inextricablement conditionnées par les fardeaux de nos prédécesseurs ?

Tout commence avec mon arbre généalogique. J’avais 8 ans. Au tableau, il fallait présenter sa famille au reste de la classe. Sur ma feuille blanche, il y avait mes parents, mes frères et sœurs, les frères et sœurs de ma mère et leurs quelques enfants. C’était à peu près tout : une dizaine de cases reliées au centre et puis autour, le vide. Aujourd’hui, j’ai 25 ans. Et le vide est toujours là. Je reprends cet arbre là où je l’ai laissé. Après 24 ans passés en Belgique, je décide pour la première fois, de me rendre dans le pays de mon père. Un autre monde s’ouvre à moi.

C’est une catharsis, donc. J’écris pour parler pour celles et ceux qui ne l’ont pas fait. Pour l’enfant en nous. Pour mes ancêtres. Et pour les générations suivantes. Au bout de ce voyage, il s’agit de reconstituer les mémoires d’une histoire familiale éclatée entre deux continents.