Faire un trou dans l’obscur et briser en morceaux le miroir en nous - Tarkovsky
Dame de Pic / Cie Karine Ponties
Fovéa - Octobre 2017
Fovéa vient de l’envie de travailler avec Ares dans le détail.
Ce qui me fascine en lui c’est le mouvement lui-même comme grande contradiction.
L’identité d’un être est un combat entre deux hémisphères qui envoient des instructions opposées, chez lui poussées à l’extrême.
Des impulsions électriques déclenchent dans son corps une contraction des muscles et une force démultipliée dans un état près de l’inconscience.
Il se jette à corps perdu dans une lutte sans hésitation ni repère, sans limite et sans retenue, il se laisse envahir par cet inconnu que nous avons derrière la tête.
De tous côtés une avalanche de pensées, des mouvements hétéroclites lui échappent au moment même où ils naissent, acérant son mouvement comme des flèches.
Ces changements d’état sont le moteur de sa matière, plantés au coeur de ce corps contradictoire.
Fovea est la réécriture d’un corps traversé de trous, de lueurs, d’incohérences. Un langage poétique comme forme périssable de ce qui nous traverse, nous échappe et nous dépasse.
Rester debout est un acte de résistance, et non une station, un état de fait qui demande une attention. Etre humain demande de l’attention.
Mais pour s’élever dans cette lutte constante, pour ne pas “seulement” être debout il faut s’abandonner, aller au devant, engager, s’engager dans un combat, une résistance active.
Peut-être l'unique sens est-il l'intensité sans le sens, comme l’écrit Roberto Juarroz.