« Qui a dit que la colère n'était pas un puissant moteur de changement ? Qu'est-ce que cela provoque d'entendre parler une femme de son rapport au corps, aux hommes, à la sexualité, au désir ? Une femme n'éludant pas sa rage et son désespoir, ni les traces de ses blessures. Les contradictions qui l'habitent, la mémoire traumatique. Que raconte le corps d'une femme sur un plateau de théâtre ? Quelles sont les frontières entre le désir et la violence apprise, subie ? Quel est le bruit de la vérité ?
Une première image m'est apparue; une femme nue tirant à bout de bras une carcasse d'animal mort. J'ai commencé à écrire en partant de cette vision, en mai 2021. Je ne savais pas vraiment de quoi je parlais ni où cette tempête de mots mènerait. C'était instinctif. Comme si cela provenait d'ailleurs que de ma tête. Dans ce premier texte, le personnage décrit un viol sans vouloir se l'admettre. « Carcasses/la reine des putes», se construit vite ensuite. Les mots et les images me viennent et il n'y a qu'une seule règle à laquelle je sais que je ne peux pas déroger : aucune censure n'est possible. Aucune. Cela est effrayant, abyssal, dangereux, inconfortable mais aussi libérateur, jouissif, vengeur et, je pense, absolument nécessaire pour aborder cette matière : rapport au corps, sexualité, limites, jeux de pouvoir, abus, désir, contradictions. »