Le boson s’associe à nouveau au Corridor (Liège) et à la Fabrique de Théâtre (Frameries) pour réaliser ce deuxième « pas de côté ».
Et nous sommes heureux·ses de vous présenter les lauréat·e·s, qui abordent de façons très personnelles des thématiques respectivement liées au droit comme outil d’émancipation, à l’histoire de la Belgique au travers du destin des plantes, et enfin la valeur reconstituante du geste artistique à la suite d’une expérience traumatique.
Ce « pas de côté » est l’occasion pour elles/eux, de faire l’expérience d’une résidence dans trois lieux, afin d’explorer, consolider et affirmer la singularité de leurs démarches.
Masha Wysocka - Flora Belgica
Artiste, sociologue et politologue de formation, naturalisée belge, Masha Wysocka se considère comme une « plante voyageuse » qui n’a pas de racines dans un endroit précis. Durant son pas de côté, elle s’intéressera à cette identité belge et sa (re)construction au fil du temps, tout en l’associant aux sciences naturelles.
Elle tentera de raconter l’Histoire de la Belgique à travers la botanique.
« Au XIXe siècle, la Belgique était un état jeune qui avait besoin de forger une identité nationale distincte de ses pays voisins. Pour cette raison, le travail de recensement et de promotion des richesses naturelles y jouaient un rôle essentiel. La création de l'État belge coïncide aussi avec l'essor des sciences, du nationalisme et du colonialisme. Le monde végétal ou géologique joue un rôle important dans le récit national des pays européens et de leur conquête du monde.
J’aimerais créer une lecture-performance dans laquelle le public sera invité à voyager à travers des mots et des images. La première partie de ma lecture-performance sera la projection d’éléments visuels (mes photographies, illustrations botaniques et des images d’archive). La deuxième sera une narration à la première personne, mêlant références scientifiques et historiques. »
Un projet de Masha Wysocka
Avec le soutien d’Archipel 19, du boson, du Corridor et de la Fabrique de Théâtre.
Véronique Dockx - La fabrique du commun
Véronique Dockx a étudié le droit avant de se spécialiser en droit des migrations et en philosophie du droit. Après quinze ans au Barreau de Bruxelles, un burn-out la pousse à découvrir de nouveaux horizons… Des arts plastiques aux arts vivants.
Durant son pas de côté, elle tentera de rendre le droit compréhensible et accessible à toustes afin que chaque citoyen·ne puisse s’en réemparer.
« Le droit ne peut être pensé en dehors de la société dans laquelle il s’inscrit. Il est un miroir des transformations sociales et politiques des sociétés ainsi qu’une des clefs pour en comprendre la signification. S’interroger sur le droit revient à s’interroger sur l’ordre politique dans lequel nous vivons et son ou ses avenir(s) possible(s). Or depuis plusieurs décennies, tout a été mis en œuvre pour nous rendre le droit opaque, nous en éloigner, nous le confisquer, alors que son emprise sur nos vies - individuellement et collectivement - s’est fait de plus en plus large et (op)pressante.
Comment récupérer les potentiels d'émancipation et d’action qu’il contient ? Comment faire pour rendre au droit sa dimension imaginaire et révolutionnaire, pour qu’il redevienne le mode de création qu'il a toujours été ? Et dans cette quête, que peut le théâtre ?
La recherche que je souhaite mener s’emploiera à explorer, inventer, expérimenter, une ou des formes sensibles et transdisciplinaires de partage des savoirs - ici, le droit - susceptibles de nous réapproprier ce qui nous a été confisqué, de nous remettre en capacité d’agir, de repenser le commun et inventer une autre manière de faire société. Chercher un nouveau langage, une forme nouvelle, scénique, hybride et immersive, résolument transdisciplinaire, sensible, d’expérimentation, entre théâtre, performance et débat public, qui nous permette de nous équiper pour repenser le monde et nous réempuissanter.
Dans cette recherche, une attention particulière sera apportée à l’influence/incidence des récits et des langages - langues - sur notre perception de la réalité comme sur le processus de fabrication du commun et notre manière de faire société. Car le droit est un récit, une fiction, qui détermine l’organisation et la forme de notre société autant qu’il en est tributaire. En tant que tel (récit-fiction), il est affaire d’imagination et de création/créativité, tant en ce qui concerne sa création/fabrication que son application. »
Un projet de Véronique Dockx
Avec le soutien du boson, du Corridor et de la Fabrique de Théâtre.
Ma Tête est pleine d’endroits - Je suis un volcan qui voudrait être une montagne
Après des études d’arts plastiques et de bande dessinée, Ma tête est pleine d’endroits a travaillé comme animateurice et illustrateurice pour des projets associatifs. Durant son pas de côté, iel quittera son rôle de parent monoparental à temps-plein pour incarner pleinement son rôle d’artiste.
« Il y a un peu moins de 4 ans, mon amnésie traumatique s’est levée, j’ai alors découvert que j’étais survivant·e d’inceste. Ce jour-là, la conscience que j’avais de mon “moi” a implosé. Depuis toujours, je me vivais comme une personne que je n’étais pas. Mais j’étais qui ? Il me restait quoi ? C’est par ma pratique artistique que j’ai pu reconquérir mon existence propre. Après cette prise de conscience, textes, illustrations et chants ont jailli de moi comme une éruption.
Cette matière brute est destinée à devenir un objet artistique : un projet de spectacle poétique pluridisciplinaire qui retrace mon parcours depuis le moment de l'implosion jusqu’à la reconstitution de ce que l’on peut considérer comme un soi. Ce spectacle poétique invitera le public à se connecter au plus profond de lui-même en suivant un processus organique de reconquête de soi à travers le mouvement du corps, la déclamation, le chant et l’animation. »
Un projet de Ma tête est pleine d’endroits
Avec le soutien du boson, du Corridor et de la Fabrique de Théâtre.