Sarah Kokot

Inès, tentative de retenir

Résidence d'écriture

Sarah Kokot travaille à l'auto-fiction radiophonique Inès, tentative de retenir, un projet qui explore le territoire du deuil. 

 

Une  répétition  de  chorale  plante  le  cadre  dans  lequel  Sarah  et  Inès  se  sont  rencontrées.  Plus  de  quarante  ans  les  séparent  et  autant  d’affinités  les  rapprochent,  dont  la  joie  de  chanter  ensemble. Jusqu’à la maladie, puis le décès d’Inès.

 

Que retient-on de ceux qui s’en vont ? Comment retient-on ceux qui s’en vont ?  

Sarah  rassemble  les  traces  matérielles  qu’elle  a  gardées  d’Inès  pour  en  dresser  une  forme d’inventaire qui attesterait de l’empreinte de son amie sur sa vie. Les passages qui l’évoquent dans le journal  intime  de  la  narratrice  d’abord,  les  cartes  postales  reçues,  les  photographies et enregistrements sonores dans son téléphone ensuite. Elle étend encore son enquête à la lecture du dictionnaire amoureux de Montaigne, qu’Inès lisait au moment d’apprendre sa maladie, et la cherche  au milieu de la pensée du philosophe. Les mots sont des entrées, que la narratrice emprunte pour déjouer l'absence. Petit à petit interviennent des interlocuteur·ices : Théo, l’opérateur son de cette création qui a le goût de la mise en abîme, et les membres de la chorale qui font exister le choeur comme personnage à part entière.

 

Un  chant,  que  l’on  entend  progresser  des  répétitions  jusqu’à  son  exécution  finale,  donne  sa dynamique  à  ce  récit  personnel  dont  l’authenticité  rencontre  l’universel.  La  pièce  se  clôt  sur  une tentative poétique de mesurer la distance autant que la communauté entre les expériences  vécues par la narratrice et cette femme qui aurait pu être sa grand-mère, fut son amie.

 

Inès, tentative de retenir dit le pouvoir du mot, et plus encore celui du chant, duquel, comme par capillarité, naissent les amitiés.