Emma Pourcheron & Gaëtan Arhuero

L'instant d'un espace - Octobre 2021

Résidence d'écriture
© Martin Viot
© Martin Viot

Il y a deux enfants, une maison isolée, une radio et un meuble à tiroir.

Les enfants sont livrés à eux-mêmes et le meuble est au grenier.

Le soir, en rentrant de l’école, Ondine et Haptik écoutent « L’école des fauves », une émission radio où des enfants viennent raconter leurs expériences de domestication d’animaux en tout genre. Ensuite, ils préparent un repas, mangent et vont se coucher tôt pour être en forme le lendemain.

Mais le jour de leur onzième anniversaire, pour jouer, ils montent au grenier et ouvrent le tiroir. Il en jaillit un carnaval d’objets sonnants et insaisissables. Défricheurs d’un phénomène encore inexploré, l’enquête commence. Ces objets sonnants non identifiés pourraient-ils être vivants ? Seraient-ils la dernière espèce sauvage ou l’occasion pour eux de participer à l’école des fauves ?

Compositeur acousmatique et autrice de théâtre fraîchement diplômés, nous mettons en lien les langages narratifs et sonores pour construire un autre récit de l’écoute du vivant. Un récit qui prend la forme d’une fiction-concert adressée au jeune public.

Sur scène, il y a un meuble. À l’intérieur du tiroir et non-visible du public : un multi-instrument bricolé à partir d’objets de récupération et générateur d’une infinité d’entités sonores. Spatialisés, ces sons se déplacent grâce à un système de douze haut-parleurs qui donnent à entendre un multivers de sons dont on ignore l’origine. Nous cherchons à éveiller une écoute qui ne soit plus fonctionnelle, plus une simple relation de cause à effet, mais un foyer pour notre imaginaire.

Les phénomènes sonores revêtent ainsi une nature insaisissable, protéiforme et inséparable du milieu qu’ils habitent. Dans une société qui tend à considérer tout ce qui lui permet de vivre comme ressource (sur)exploitable et à ‘usage unique’, nous tissons une analogie poétique entre la relation des personnages à ces phénomènes sonores et celle que nous entretenons avec le reste du vivant. Une oreille pour repenser notre place dans l’écosystème.